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Mehmet Ali Şahin, nouveau président de la Grande Assemblée Nationale de Turquie

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L’ancien ministre de la justice, Mehmet Ali Şahin (à droite sur la photo), a été élu à la présidence du parlement turc, le 4 août 2009, au troisième tour de scrutin. La tenue d’une telle élection, en plein été, peut surprendre, mais elle est en fait tout à fait normale, puisque l’article 94 de la Constitution turque actuelle prévoit que, pendant une législature, il est procédé à deux reprises à l’élection, non seulement du président, mais aussi de l’intégralité du bureau de l’Assemblée.

En revanche, le fait que Mehmet Ali Şahin succède à Köksal Toptan (à gauche sur la photo), à ce poste, mérite quelques commentaires. En effet, Köksal Toptan avait été littéralement plébiscité à la présidence de l’Assemblée, le 9 août 2007, à l’issue des élections législatives anticipées du 22 juillet 2007, obtenant non seulement les voix des députés de son parti, l’AKP, mais aussi celles des kémalistes du CHP (cf. notre édition du 10 août 2007). Cette quasi unanimité autour de la personne du candidat de l’AKP à la présidence du Parlement tenait alors au contexte bien particulier dans lequel intervenait cette élection.

On attendait, en effet, des élections législatives anticipées de juillet 2007 qu’elles dénouent la crise provoquée par l’annulation du premier tour de l’élection présidentielle à la fin du mois d’avril 2007. La large victoire de l’AKP, lors de ces législatives, avait commencé à apporter une réponse, mais la question qui était désormais posée concernait surtout l’identité du candidat que le parti majoritaire présenterait à l’élection présidentielle qui devait suivre. L’AKP maintiendrait-il la candidature d’Abdullah Gül, qui avait provoqué, en avril, l’ire des kémalistes, refusant de voir arriver à Çankaya un président ayant une femme voilée, ou bien choisirait-il un candidat plus consensuel ? Alors que l’élection du nouveau président de la République devait se tenir à la fin du mois d’août, celle de Köksal Toptan à la présidence du parlement, intervenue entretemps, fut interprétée comme une volonté d’apaisement de la part du gouvernement. En effet, non seulement Köksal Toptan n’avait pas une épouse voilée, mais il apparaissait comme un candidat de compromis, ayant fait l’essentiel de sa carrière politique au sein du DYP (Doğru Yol Partisi – Parti de la juste voix, centre droit) avant de rallier l’AKP. L’élection de ce modéré amena ainsi certains commentateurs à prédire que le parti majoritaire choisirait, pour la présidence de la République, une personnalité du même type, susceptible de rallier les voix de l’opposition kémaliste et d’apaiser une situation politique très conflictuelle depuis le printemps.

Pourtant, il n’en fut rien, l’AKP décida finalement de maintenir la candidature d’Abdullah Gül et, comme l’on sait, ce dernier fut élu à la présidence de la République, au troisième tour de scrutin, le 28 août 2007 (cf. notre édition du 31 août 2007). Loin d’annoncer un scénario présidentiel d’apaisement, l’élection de Köksal Toptan n’avait donc été qu’une péripétie tactique de la crise permettant au gouvernement de temporiser avant l’élection inéluctable d’Abdullah Gül. Le remplacement de l’intéressé à l’issue de son premier mandat de deux ans confirme aujourd’hui cette analyse.

Car, sans aucun doute, les jours de Köksal Toptan étaient comptés depuis le dernier remaniement gouvernemental, intervenu au début du mois de mai 2009 (cf. notre édition du 5 mai 2009). Lors de ce remaniement, qui avait suivi le résultat en demi-teinte de l’AKP aux élections locales du 29 mars 2009, loin d’apparaître comme une sanction, le remplacement du ministre de la justice, Mehmet Ali Şahin, avait été interprété au contraire comme l’annonce d’une probable promotion. On murmurait déjà que Mehmet Ali Şahin pourrait prendre prochainement la succession de Köksal Toptan dont le bilan était jugé décevant en haut lieu. Très en vue notamment dans les affaires judiciaires sensibles en cours, comme l’affaire «Ergenekon», parce qu’à plusieurs reprises, il avait refusé de céder aux pressions demandant le remplacement des procureurs et des juges investis, l’ex-ministre de la justice avait été en outre l’un des rares membres du gouvernement, félicité pour ses initiatives et son esprit d’ouverture, par le dernier rapport de la Commission européenne sur la candidature de la Turquie (cf. notre édition du 13 novembre 2008).

Mehmet Ali Şahin va donc être désormais à pied d’œuvre pour impulser les réformes qui lui tiennent à cœur, en particulier celle de la justice, qui est plus que jamais à l’ordre du jour, et plus généralement celles tendant à l’établissement d’un véritable Etat de droit en Turquie.
JM


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